2 août 2011

Insulaire

J'ai visité 6 îles au cours de ma vie (en fait 7, si j'inclus l'île d'Orléans, mais bon...): les îles grecques Ios, Santorini et la Crête, Cuba, les Îles-de-la-Madeleine, puis m'y voici enfin, l'île de Vancouver. Sais pas pourquoi, j'aime ça, des îles. Peut-être parce que je suis née dans l'immensité de la campagne bas-du-fleuvioise, là où l'horizon n'arrête jamais vraiment de s'étirer. Là où tu peux marcher en ligne droite longtemps sans rencontrer d'autres obstacles que le fleuve Saint-Laurent. Et même de la rive, impossible de ne pas remarquer les montagnes charlevoisiennes de l'autre côté, et le territoire qui continue de se dérouler.
J'aime l'idée de l'île; elle a un contour, on peut la parcourir, la traverser, en faire le tour et revenir au même point. C'est circonscrit, circulaire, défini. Certains peut-être se trouvent à l'étroit sur une île, ressentent l'enfermement, deviennent claustrophobes. Chez moi, au contraire, ça fait surgir un certain sentiment de paix, de béatitude. Quand le territoire est trop grand, ça me donne le vertige.
Comme si ce n'était pas assez, j'ai comme cette idée fixe d'aller au bout. Au bout d'un coin de terre, d'un pays, d'un continent. J'ai toujours fascinée, par exemple, par la Terre de Feu. Quelle exaltation de se savoir tout au bout des Amériques, dans ce paysage stellaire! Quand j'ai visité la Grèce, j'avais encore cette idée fixe d'aller au bout, sur l'île le plus au sud, la Crête. Et même une fois arrivée sur la côte nord de cette île, je voulais la traverser, aller jusqu'au bout, sur la côte sud, où soufflent les vents chaud de l'Afrique.
M'y voici donc, encore une fois, au bout, tout à l'Ouest des Amériques (ou, du moins, du Canada), sur l'île de Vancouver, dans le minuscule village de Tofino.


Coucher de soleil sur Tofino

...
Je suis loin d'être une globe-trotter, mais quelques endroits restent gravés dans ma mémoire. Mon arrivée dans le petit village d'Agia Roumeli, sur la côte sud de la Crête, et cette plage de gros galets gris, blancs, gris foncés, et pour la première fois la Méditerranée, et la pleine lune qui s'y reflétait dans ses ondulations. Une marche dans le parc naturel El Cabo del Gata en Andalousie, ses arides terres rocailleuses rouges, ses aloès géantes et ces autres végétaux étranges, mystérieux, dont je n'ai jamais su le nom.
La route 4 West que j'ai prises pour me rendre jusqu'à Tofino m'a aussi fait forte impression. Route tortueuse, sinueuse, qui serpente, entourée de forêt, faite de mille surprises - au détour, tout à coup, le lumineux océan se dévoile sous mes yeux, alors que ma voiture sillonne cette route en hauteur qui n'en finit plus de me donner le tournis. Et ces feuillages gorgés de vert, qui brillent comme des émeraudes au soleil. Je croyais en avoir vu, des forêts, dans ma campagne québécoise, mais celles-ci sont immenses, généreuses, fournies, touffues, grandioses.

Et me voici donc à Tofino. Cet ancien village de pêcheurs est aujourd'hui un village de surfeurs. Bien sûr, on peut venir à Tofino faire de l'observation de baleines, d'ours, courir les hot tubs, marcher dans les sentiers, mais l'activité principale, c'est le surf. Même la pharmacie vend des wet suit, goddam it!
C'est pour ça que je suis ici, moi aussi, pour un camp de surf intensif de 5 jours avec l'école Surf Sister. Je n'avais pas mesuré l'ampleur de la chose avant d'arriver, le premier matin de mon premier cours, à Cox Bay, une des vingtaine de plages entourant Tofino. 9h le matin, et des chars parkés à perte de vue, partout, des gens en wet suit - des hommes, des femmes, des enfants, des chiens (bon peut-être pas en wet suit, mais vous voyez le topo) - des gens avec des planches de surf, des écoles de surf avec leurs élèves...
Et moi? J'ai avalé plusieurs litres d'eau salée, j'ai reçu mon longboard sur la tête, j'ai tenu quelques secondes debout dessus, j'ai ramé à plus avoir de force dans les bras, j'ai marché à contre-sens des vagues à ne plus avoir de jambes. C'est bien ça, faire du surf?
:P

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